Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/139

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«chadirchan [c-à-d. qadyrqan] ein der Acazie (Mimosa?) ähnlicher Baum, dessen Blätler zum Gelbfärben gebraucht werden.» Suivant une communication que M. G. Schlegel a bien voulu me faire, le mot chinois hoai, traduisant le vocable ouigour, désignerait ou le Sophora japonica ou bien le Bignonia tomentosa (= Paulownia imperialis). (Ce doit être au premier de ces deux arbres que fait allusion la description de Klaproth.) Toutefois j'ignore qu'aucun de ces arbres pousse particulièrement dans ces contrées.

6). [I E 2, II E 4] Aujourd'hui l'expression Porte de Fer s'emploie généralement en turc pour désigner un passage étroit dans les montagnes: aussi existet-il diverses «Portes de Fer» (comp., par ex., D'Herbelot, Bibl. orientale, 111%, p. 266 b). Ici, cependant, il ne saurait y avoir ombre de doute sur le sens de la «Porte de Fer» (iâtnir-qapyy) qui marque la limite occidentale des Turcs ou leur point le plus avancé vers l'ouest (comp. I E 8 = II E 8, I E 17 = II E 15, 1 E 89, I S i = UN 3): c'est une localité n'étant pas seulement jadis de la plus grande importance, et fameuse comme une des merveilles du monde, mais qui encore méritait qu'on lui donnât de préférence ce nom (et qui a pu donner lieu à son application ultérieure?). C'est un défilé de 12 à 20 mètres de large et de 3 kilomètres de long, situé à environ 90 kilomètres au sud de la ville de Kach, et dans lequel s'engage la route qui mène de Balkh à Samarkand. Cette Porte de Fer se trouve mentionnée pour la première fois dans la littérature chinoise, et le plus amplement par le voyageur chinois IIiouen- Thsang, qui environ en 630 y passa en allant du royaume (turc) de Kie-choung-na (Kaçanna, Kach) à celui de Tou-ho-lo (Toukharâ, Tokharestan), et qui décrit l'endroit comme suit: «Il fit environ deux cents li au sudest, à travers les montagnes, et entra dans les Portes de Fer. On appelle ainsi les gorges de deux montagnes parallèles qui s'élèvent à droite et à gauche, et dont la hauteur est prodigieuse. Elles ne sont séparées que par un sentier qui est fort étroit, et, en outre, hérissé de précipices. Ces montagnes forment, des deux côtés, de grands murs de pierre dont la couleur ressemble à celle du fer On y a établi des portes à deux battants, qu'on a consolidées avec du fer. On a suspendu aux battants une multitude de sonnettes en fer; et comme ce passage est difficile et fortement défendu, on lui a donné le nom qu'il porte aujourd'hui.» (IIioiiEN-Tii.sANo, Mrnioires sur fes conin'vs occidentales, trad. par Stan. Julien, I, Paris 1857, p. 23). Des auteurs arabes et persans du moyen âge mentionnent souvent cette localité sous le nom persan de Dar i-ahan, porte de fer, ou sous celui de Kotouga; de nos jours, on appelle l'endroit Bouztjolakhana, «Cabane des Chèvres». Le premier Européen qui y ait passé, fut Clavijo, que Henri 111 de Castille envoya en ambassade à la cour de Timour, en 140i. Cet ambassa- deur décrit cette localité à peu près comme Iliouen-Thsang, mais il ajoute: «On dit que jadis une porte garnie de fer barrait le défilé»; il attire l'attention sur les grands revenus que Timour en tirait, parce que tout le commerce entre Samarkand et l'Inde devait forcément passer par là Après ce temps-là, aucun Européen n'y a mis le pied, jusqu'à ce qu'en 1875 une expédition scientifique russe vînt visiter ces lieux qu'elle examina avec soin, après quoi, en 1878, une