Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/141

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8). [I E 4, II E 5] Sur toɣusyq voir p. 37 et suiv. — Au lieu de čölig ou plutôt (comp. p. 18) čö<l>lig il, Radloff lit čölgi äl, leçon prohibée par Tépellation de I čölgl, sans i final, et quand même l'interprétation de R , p. 131, «das Steppenvolk (Gegensatz zu Bergbewohner taɣdaqy oder jyš äli)» serait d'ailleurs correcte, ce dont je doute fort, n'aurait-on pas dû s'attendre à «čöldäki äl»? Le mot est dérivé de čöl (djag.), «désert, tout ce qui est hors d'une ville ou d'une contrée habitée; hors, dehors». Le mot bökli čölig n'aurait-il pas pu être employé dans le sens d'étranger («forain»)? Les mots bôkU èôlig il, les puissants peuples (empires) étrangers, seraient alors une désignation compréhen- sive et fort appropriée des noms suivants de peuples dont les uns n'avaient ja- mais appartenu à l'empire turc, les autres n'avaient eu avec lui que des rela- tions plus ou moins passagères. (Là où il s'agit du désert aride lui-même, II SE emploie subsys, et non âôl). —

Tabyaâ, chinois, Chine = ouig. tapqaÔ (iabyaëf), vénérable, auguste, il- lustre, ce qui doit être le sens propre (quoiqu'il soit étonnant que nous ayons b dans ce mot, mais p dans tapla-, II E 3ô, servir). On pourrait supposer que l'emploi de ce mot comme nom de peuple, a surgi lorsque les Turcs sont venus sous la dépendance des Chinois.. Toutefois il doit être de plus ancienne date, soit qu'il n'indique que du respect pour la civilisation chinoise, soit qu'il ait surgi dans une autre tribu turque. Dans ses récits sur les Turcs (comp. plus haut, p ô8), l'auteur byzantin Thbophylactb Simocatta mentionne, VU, 7 et 9, «une ville» (nôXiç èjii<pavi^ç), «colonisée par les Turcs», ville nommée Taiigast (TavydaT). Dans ses Mémoires relatifs à l'Asie, III, 1828, p. 261 et suiv., Klaproth a déjà montré que tous les détails fournis par l'auteur grec sur cette localité, se rapportentuniquement à la Chine, et que par conséquent la désignation porte seulement sur la Chine [proprement, sans doute, une certaine localité déterminée, située en Chine ou de dépendance chinoise]. Klaproth n'a pas su expliquer ce nom, que les Grecs ont dû entendre chez les Turcs; ce ne sont que nos inscriptions qui maintenant en donnent la clef (Tavyâox pour Tavydiç; la prononciation que semble supposer cette forme, serait donc (atryaô, tanyac plutôt que tabyaê, comp. plus haut, p. 26). Touchant ce même nom, nous trou- vons un témoignage datant d'une époque moins ancienne; c'est dans l'ouvrage chinois intitulé Siyou-ki^ relation d'un voyage fait en 1221 - 1224, où l'on dit des habitants d'Â-li-ma = Âlmalik, dans la vallée de l'Ili, près du Kouldja, «qu'ils appellent les Chinois T ao-houa-chi ,i^ c'est-à-dire iauyuë, voir Bret- scHN RIDER, L c, I, p. 71, OÙ ce uom est rapproché du mot tamgadj [indubi- tablement une corruption du turc tabyaè], qui «dans les anciens temps est appliqué à la Chine par les mahométans». Est-ce que le mot tapqaè a eu aussi en ouigour la même signification? Dans la littérature nous n'en trouvons pas d'exemple positif; voir, par exemple, les observations contre Jaubert dans VXmbéry, Uigurische Sprachmonumcnte, p. 231; comp. Hadloff, Das Ku- daiku Bilik, p. LXXIX et suiv. (on ne saurait non plus rien conclure d'un vers dans le Koudatkou Bihk, Va'mbéry, 1. c, p 68—69, VII, v. ô: ^Chitai arkisi jatdi tapknâ aU China's Karavane bat Tapkaè Name verbrcitet», mais selon Hadloff, 1. c, p. 11 (14, 2), Wôrterb., 1, p. 301, 833: tQytai aryyiy