Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/18

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signe propre, on pourrait très bien concevoir ce son comme ayant été exprimé tantôt par ä, tantôt part i[1]. En attendant je n’ose point, quand je transcris, tenir compte de cette hypothèse, d’autant moins que l'e présumé ne pourrait guère être appliqué d’une manière conséquente; mais, comme je n’en regarde pas moins comme irréalisable la restitution phonétique exacte en dehors de ce que fournissent les inscriptions, je maintiens i lorsque, d’un mot donné, on trouve des formes ayant 𐰃 ou ne l’ayant pas, telles que jir, jir. Si, au contraire, il ne se trouve pas de formes latérales avec 𐰃, j’emploie ä, par exemple äsid[2].

Quant à la figuration des diphtongues, comparez ce qui vient plus loin sous les titres j(𐰘 ,𐰖 𐰪) et b (𐰉, 𐰋).

Consonnes.

Relativement aux consonnes, il faut d’abord rappeler de nouveau que, pour la plupart d’entre elles, il y a deux signes diflférents, dont

  1. En somme, les idiomes turcs auraient-ils eu dès l'origine un pareil son, capable de se fusionner plus tard soit avec ä, soit avec i? Quant à la possibilité de retrouver, dans la langue comane, un e différent de ä et de i, voir Codex Cumanicus, ed. Cornes Géza Kuun (Budapestini ISSO), p. XC et suiv. Comp. d’autre part Radloff dans l'Internationale Zeitschr, II, p. 23 et suiv.; là, cependant, la possibilité d’un e n’est pas mentionnée directement.
  2. Dans son ouvrage plusieurs fois cité, Denkm. Kül T., p. 1 et suiv., M. Radloff a aussi mentionné le même phénomène et avancé l’opinion que voici : le signe 𐰃 ne représente pas seulement y, i, mais au commencement d’un mot et dans la 1re syllabe il peut aussi être tout simplement l’expression du son ä. M. Radloff transcrit donc partout jär, äl etc. (mais hiîgày etc.). Toutefois je doute fort que ce soit fondé. On doit entre autres faire ressortir que cet alternat entre 𐰃 et un ä non figuré ne peut généralement se présenter que dans une certaine série de mots, tandis qu’il y a beaucoup de mots qui de fait ont ä à la première syllabe et dans lesquels la figuration de ce son pourrait paraître aussi nécessaire, sinon plus nécessaire que dans beaucoup de ces mots-là, mais où l’on ne trouvera jamais tracé le 𐰃. Et, en somme, pourquoi écrire, par exemple, 𐰘𐰃𐰼 , si la prononciation était jär tout simplement ? C’est bien 𐰘𐰼 qui en serait l’expression adéquate, ne pouvant signifier autre chose que jär, tandis que le 𐰃 rendrait seulement équivoque la lecture.