Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/34

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Hsh-^mKs qY'nsyr^mKs^ 1,28, | >> h T I Y *ls*'f'^trn% | >> ^ H H ) Y H qyns^r'Hrn^s 1,26, 11,29. Cet affixe, j'en suis convaincu, a ici, tout comme dans le mot kirghiz, un sens privatif, en sorte que, par exemple, qayan'syra' signifie perdre le khan (déposer le khan, par opposition à qayan-la' 1,34, créer un khan?) et la forme transitive, faire perdre à qn son khan, piiver de son khan („dékhaniser" pour ainsi dire {sit venia verbo!))^). Je suis porté à relier cette forma- tion à Tafflxe 'Sy:s, -siz, privé de, sans, soit que -syra- représente 'syz-ra-, ou que r puisse être un simple changement de z^).

>) Voici les exemples des susdites formations qui se présentent dans nos inscriptions: 1,28 (I E 13) HsW^m^s q^y^s^r^m^s hud^n^y kûh^dnCs qui^dm^s, ils dépossédèrent des peuples (indépendants), ils déposèrent des khans et réduisi- rent en servitude les peuples (hommes et femmes), ou peut-être: ils réduisirent en servitude les peuples qui avaient perdu leur indépendance et leur khan (Radloff, qui vocalise également cet affixe comme -syra-, -sirà-, traduit, mais à tort selon moi: „sie hildeten einen Stamm und er nahm die Chanswûrde an, das Yolk diente ihm als Enechte und Mâgde^). D'après le contexte, ce passage et les deux passages cités plus bas, parlent seulement des relations des Turcs aux autres peuples sur lesquels ils étendent leur domination, et non point de leur évolution intérieure propre. I, 2« (I E 15) = 11,2» (II E 13) ill^g*g *l8^r^tm% q'^y^nPy^Y q^y%s^r"tm^8, f*f^y y*z^q%flmè^8^ etc., à ceux qui formaient un peuple (indépendant), il enleva leur peuple (c.-à-d. leur indépendance); ceux qui avaient un khan, il les priva de leur khan; il pacifia les ennemis, etc. (Radlofi*: „er fngte die iu Stammeu lebenden wieder stanunweise zusanmien, brachte die Chans- wiirde [ici qayaniyy est absolument adjectif, comp. plus haut p. 21; *qayaniyq serait le substantif] wieder zu ihrer Geltung" [?], etc.) ; de même 1,23 [I E is] ilVg'g ih'r^tdWz, qYni^y^y q^m^r^'id^m^z; I,3i (I E 10) iark hud^'n ôfr^fn ur**ys^r"t^j^n^ je veux tuer le peuple turc et le rendrai sans postérité (ici Rad- loff lit uruy asratajyn, et traduit: „wir wollen das [Fûrsten-, lire:] TUrkenvolk tôdton und die Kachkommen cmâhren^, interprétation qui, d'après le contexte, est tout à fait invraisemblable).

  • ) Comp. Radloff, Phonetik^ § 286, où sont cités quelques exemples de

cette permutation, fort rare à la vérité, de z en r. (Au moment d'envoyer mon manuscrit tout prêt, je tombe par hasard, dans Radloff, Wôrterbtich der Tàrk- Dialectej I, p. 829 et suiv., sur le mot àlsirà, dialecte de Kasan, „kraftlos wer- den, schwach werden, ermûden" (devenir sans force, s'affaiblir, se fatiguer) et alsiràt, „schwàchen, schwach machen**, (affaiblir, rendre faible) [en kirghiz eUirà „zerfallen, aus einander gehen" (se disloquer, se disjoindre)], avec l'explication que voici: de àl [(kas., kirgh., = arab. hâî) „Kraft, Macht" (force, pouvoir)] -(-«»-? + rày — ce qui forme un important et intéressant parallèle à l'interpré- tation de cet affixe telle que je l'ai avancée plus haut.)