Page:Irailh - Querelles littéraires, tome IV.djvu/103

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qui l’usage a plus d’empire que parmi nous, comprenoient encore, il n’y a pas long-temps, la chirurgie sous le nom de médecine. Elles furent séparées, parce que les médecins-chirurgiens trouvèrent leur avantage à sacrifier l’une à l’autre. La chirurgie n’est guère favorable à la cupidité. Hors les temps de guerre, elle n’exerce presque ses fonctions que sur le peuple. Elle n’est point attrayante par elle-même, puisqu’elle blesse notre délicatesse & notre sensibilité. La médecine, au contraire, donne accès auprès des riches & des grands, & présente moins de sujets de dégoût. Ces considérations firent qu’on s’attacha à la partie médicale, & qu’on abandonna la chirurgie. Ceux qui avoient le plus de réputation dans ces deux arts donnèrent l’exemple.

Cependant, en renonçant à l’exercice de la chirurgie, ils s’en réservèrent la direction. Ils en commirent les fonctions aux barbiers, qui eurent aussi l’application des remèdes extérieurs. Dès-lors le chirurgien ne fut plus qu’un manœuvre. Obligé de se conduire par d’autres lumières que par les siennes,