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Page:Irailh - Querelles littéraires, tome IV.djvu/323

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Au milieu de cette violente tempête, élevée de toutes parts contre le bachelier, il songea promptement à une retraite. De peur qu’on ne lui ôtât cette ressource, il fallut qu’il se déguisât. Travesti d’une manière assez bisarre, il gagna précipitamment une province à l’occident de la France, passa de-là en Hollande, & se rendit enfin en Prusse, où le monarque philosophe l’accueillit avec bonté. Le bruit qu’il avoit fait en France, fut un titre de recommandation encore plus que les lettres dont il avoit eu soin de se munir. Les François, le plus en crédit à la cour de Berlin, l’y servirent. Il parvint à gagner la confiance du prince, à se faire combler de ses grâces, sans néanmoins être admis à manger à sa table[1].

On fut bientôt instruit, en France, de la fortune du bachelier téméraire &

  1. Cette distinction, qui lui fut refusée, étoit une sorte d’avantage : c’est surtout au repas du roi que les gens de lettres, pour lui plaire, se suscitoient entr’eux des tracasseries, faisoient de faux rapports, tenoient des propos libres & méchans. Il résultoit de-là des aigreurs, des haines, & le danger d’encourir la disgrace du prince.