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Page:Ista - Contes & nouvelles, tome II, 1917.djvu/42

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ses nerfs titillés par l’ennui, et lui dire quelque chose de gentil et de consolant.

— Ma petite chérie…, bredouilla-t-il en l’embrassant. Elle se laissa faire, muette, passive, puis le repoussa soudain, d’un geste presque hostile. Il sentait le chien mouillé. Et ils se regardèrent, les bras ballants, la face morne, sans force, sans courage, déprimés jusqu’à l’anéantissement.

À tout prix, il fallait sortir de là. Autour de sa taille souple, il eut un geste gauche, maladroit, timide, puis murmura :

— Il fera meilleur dans le dodo…

Elle acquiesça d’un signe de tête, puis commença à se dévêtir. Comme il enlevait son veston, elle murmura à son tour :

— Regarde sous le lit… partout…

Et, le bougeoir au poing, il fit lentement le tour de la chambre, lançant des coups de pied dans les rideaux aux plis flasques, se mettant à quatre pattes pour scruter d’un regard inquiet la poussière floconneuse qui dormait sous les meubles. Il visita les moindres coins, consciencieusement, beaucoup pour la rassurer, un peu pour se rassurer lui-même. En revenant vers le lit, il vit qu’elle était déjà blottie sous le drap, bien sage, immobile, ne laissant voir que sa chevelure dénouée, ses grands yeux brillants et inquiets.

Pendant qu’il se déshabillait, elle se tourna soudain, d’un saut brusque, et agita les couvertures d’un mouvement rageur. Vingt secondes plus tard, un nouveau saut la retourna, et les trémoussements reprirent de plus belle. Tout à coup, elle rejeta les couvertures d’un geste fou, découvrit son genou poli, son mollet de petite chasseresse, et pencha sa face anxieuse et