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Professeur
de prononciation


— Tant pis pour le public, décida Mouchavin, et tant pis pour les directeurs ! Ils n’ont que les artistes qu’ils méritent ! Moi, je lâche l’art dramatique !

Ça devenait dégoûtant, à la fin ! Un artiste comme lui, ayant du feu, du tempérament, capable de jouer d’une façon personnelle et supérieure tous les grands rôles du répertoire, on ne lui avait jamais distribué, depuis cinq ans qu’il faisait du théâtre, un seul rôle de plus de vingt lignes. Il en avait assez ! Tant pis pour le public ! Et tant pis pour les directeurs !

Ayant pris cette décision irrévocable, Mouchavin commanda :

— Garçon ! une remôminette, et les journaux !

Puis, déserteur de l’art dramatique à la recherche d’une position sociale, il commença la lecture des annonces, à la rubrique « Offres d’emplois ».

Il lisait depuis quelque temps, avec des moues méprisantes, des haussements d’épaules dédaigneux, car vous comprenez qu’un homme comme lui n’allait pas accepter n’importe quelle place, quand ces lignes le firent tomber en arrêt :

On cherche monsieur distingué, de préférence ancien artiste dramatique, pour enseigner la prononciation