Page:Ista - Contes & nouvelles, tome III, 1917.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63

décharnée de son maigre individu, et il eut la sensation très nette d’être projeté, à une vitesse terrible, hors de la gueule d’un obusier.

Une seconde plus tard, il constata, de façon irrécusable, que les tapis d’escalier, à l’Institution Pompelard, étaient faits d’une matière dure et rugueuse, avec laquelle le nez d’un ex-artiste dramatique ne pouvait entrer violemment en contact sans de graves inconvénients. Étendu sur le ventre, il entendit une voix grave et sévère qui proférait derrière lui :

— Je n’admets pas, monsieur, que l’on vienne se moquer de moi dans ma propre demeure.

Puis une porte se referma avec fracas.

* * *

Et voilà pourquoi les directeurs possèdent encore, outre les artistes qu’ils méritent, un artiste qu’ils ne méritent pas.

Pour le moment, Mouchavin joue les deux jambes de l’éléphant, côté pile, dans la grande féerie du cirque Pognèkoff.


Séparateur