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Page:Ista - Contes & nouvelles, tome III, 1917.djvu/75

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d’aveuglante clarté, et fut arrêté par un homme qui lui demanda : « Votre billet ? » Le Grand Joseph tendit son bout de papier.

— Mais vous n’y êtes pas, mon vieux ! s’exclama l’employé. C’est l’amphithéâtre, ici. Faut redescendre jusqu’en bas et prendre la seconde porte à droite.

L’autre pensa qu’il se serait fort bien contenté de rester là. Mais il n’en osa rien dire, redescendit les innombrables marches, prit la seconde porte à droite, monta quelques degrés, et se trouva dans un couloir peint en rouge. Des messieurs, vêtus comme des garçons de café, causaient avec des dames en robes claires, dont le décolletage fit intensément rougir le Grand Joseph, tout en lui donnant un avant-goût des délices espérées. Une autre dame, vêtue de noir, celle-là, avec un petit bonnet blanc et rose sur la tête, somnolait dans un coin, devant des rangées de par-dessus.

Avec une hardiesse qui l’étonna lui-même, le forgeron s’approcha d’un des messieurs, tendit son billet, et demanda à voix basse : « C’est-y bien ici ? » La plus jeune des dames étouffa un léger rire, mais le monsieur, très poliment, prit Joseph par la manche de sa blouse, et le poussa dans un étroit boyau qui se perdait dans l’obscurité, en disant : « Droit devant vous, la porte au fond. » Et le forgeron s’engagea dans le couloir sombre, tandis que des rires perlés fusaient derrière lui.

Sur la porte du fond, une grande pancarte portait ces mots : « Entrée interdite ». Joseph frappa, néanmoins, puisque le monsieur lui avait dit que c’était par là. Il frappa longtemps, à petits coups pour commencer, puis plus fort, peu à peu. Enfin, la porte s’entr’ouvrit, et une tête parut, une tête affreuse, peinte