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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/171

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par un beau dimanche

avec une rondelle de citron… de l’eau chaude… et trois… et trois morceaux de sucre… gémit faiblement le pauvre moribond.

Dehors, sur la route, Marie s’arrêta, indécise. Elle ne savait pas bien d’où elle venait, où elle allait. Comme une bête blessée, elle fuyait le lieu où l’on souffre, afin d’être ailleurs, rien de plus. Elle se sentait incapable de raisonner, d’envisager les faits, de leur attribuer une juste valeur. Elle ressentait encore un seul désir, mais de façon vague, intermittente, imprécise : voir François, qui l’aimait, qui la consolerait, qui calmerait son chagrin avec de douces paroles.

Dans un corps de bâtiment construit en retour ; une fenêtre s’éclairait, au rez-de-chaussée. C’était là, chez le métayer, que François avait mangé tout à l’heure… Peut-être y était-il retourné… Doucement, sur la pointe des pieds, elle marcha vers le rectangle lumineux.

Un rideau d’indienne, tiré derrière les vitres, l’empêcha de rien voir. Mais un des battants était entr’ouvert et elle entendit de grosses voix joyeuses, de gros rires, toute la grosse gaîté d’une veillée paysanne. Marie tendit l’oreille, espérant ouïr la voix de François.

Et soudain, elle dut porter son poing à sa bouche, pour ne pas crier, pour ne pas lancer une protestation indignée aux rustres qui la salissaient, qui la déchiraient là-dedans… Car les prés, les jardins et les bois, si déserts en apparence, ont des yeux et des oreilles comme les murs de nos maisons… Et c’est d’elle qu’on parlait déjà, c’est son aventure qu’on racontait, qu’on commentait, ignoblement grossie et déformée, avec des détails abjects, des termes cyniques et si orduriers qu’elle en devinait le sens plus souvent qu’elle ne le comprenait… Elle !… Elle !… C’est d’elle qu’on disait ces choses infâ-