Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/151

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— Veux-tu manger du brochet farci ? C’est très bien préparé ici.

— Brochet, crapaud ou éléphant, fais venir que ce tu peux… mais quelque chose de plus sympathique qu’un verre de tzouika, que j’aurais pu me payer moi-même », répondit Stavro. Et, l’air fatigué, il se passa la main sur son visage tiraillé.

Une heure plus tard, assis devant un verre de vin dans la petite chambre d’Adrien, qu’éclairait une lampe à pétrole, Stavro, réchauffé par la sincérité du jeune ami, brûlait les dernières gouttes d’huile de la sainte veilleuse qui soutient l’âme des passionnés :

« Maintenant que je t’ai mis au courant de mon ultime et grotesque avatar de « fabricant-de-pipes-crève-la-faim », je sais, mon bon Adrien, que seule la tristesse de mon état t’empêche de me demander la suite de Kyra, ou, mieux dit, l’histoire du petit Dragomir d’alors. Et je veux bien, pour toi, remonter à cette époque éloignée ; mais sache que l’on souffre toujours quand on fouille dans les malles des anciens voyages.