Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/256

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çon qui a perdu ses père et mère ; moi, je suis un orphelin que ses père et mère ont perdu, si bien que, jusqu’ici, le jour des Morts demeurait pour moi un jour joyeux.

Je faisais les cimetières.

Le lumbago, le rhumatisme des bonnes vieilles madames étaient mes associés. J’offrais les services de ma souplesse : je cultivais le petit jardin ; j’époussetais la petite chapelle. Je gagnais bien plus qu’à ouvrir les portières.

Hier, j’avais choisi celui de Montmartre. Clientèle cossue ; on ne loge qu’à perpétuité et la « montée » des loyers s’est marquée là comme dans tous les quartiers. Je trouve même raide que l’on impose ainsi de pauvres défunts qui ne peuvent plus gagner leur vie. Quand donc le gouvernement consultera-t-il les gamins de Paris ? Jamais probablement. Trop raisonnables, n’est-ce pas ?

Enfin j’arrive là-bas. Qu’est-ce que je vois ? Des jeunes gens, marchant en rang, deux par deux. On aurait dit la sortie de la laïque. Mais une laïque en fleurs. Chacun portait une gerbe :