Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/125

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— Eh ! cher garçon, je le sais bien.

— Comment, vous le savez ?

— Et tenez, j’ai sur moi des papiers… Signez-les en blanc, je les remplirai par des renonciations en bonne et due forme aux biens de ma cousine.

Et avec rondeur :

— Comme cela, ni vous, ni personne ne pourra croire que vous vous êtes vendu.

La proposition était trop conforme au désintéressement chevaleresque du marquis pour qu’il hésitât.

En cinq minutes, il eut donné une vingtaine de signatures à son interlocuteur qui les enfouit méthodiquement dans sa poche.

Après quoi, Jemkins lui secoua vigoureusement la main.

— Vous êtes un complètement gentil garçon. Vous étiez prêt à sortir… Accompagnez le long de moi, nous déjeunerons à l’hôtel Armencita, avec votre fiancée.

— Ma fiancée, murmura Chazelet.

— Vous serez discret, pour que l’on ne vous fasse pas de plaisanteries macabres comme aux autres, vous savez, les sept.

— Oh ! pour elle…

— Il est mieux de vivre en bonne santé, cher vieux garçon… Et si, dans une quinzaine plus loin, vous êtes toujours dans les mêmes dispositions, vous viendrez avec nous dans notre Amérique, et vous marierez ma petite cousine.

Le marquis avait joint les mains, exprimant par ce geste sa reconnaissance.

L’oracle de la gitana s’accomplissait de point en point. Chapelet allait se diriger vers l’Amérique, après avoir passé par Paris ; il était agréé par Linérès… L’idylle mystérieuse s’achevait eh apothéose.

Et cependant, tandis qu’il cherchait son chapeau, ses gants, Frey Jemkins le suivait d’un regard narquois, et il mâchonnait ironiquement, trop bas pour que l’intéressé pût l’entendre :

— Il a sauté, le marquis ! J’ai sa signature… Il sera responsable de tout… et les millions japonais seront à moi !