Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
JUDD ALLAN, ROI DES GAMINS

— Master Frey Jemkins !

Du pont on leur répondit d’un ton de belle humeur :

All right, come along, boys. (Parfait, venez ici, garçons).

Ce qui décida les deux laquais à se ruer sur la passerelle, refoulant violemment les personnes qui s’y trouvaient déjà.

Faisant leur trouée comme des boulets de canon, sans s’inquiéter le moins du monde des protestations qu’ils soulevaient, ces zélés serviteurs bondirent sur le pont et s’arrêtèrent, dans l’attitude respectueuse de valets bien stylés, devant un groupe de quatre personnes. Comble de bonne tenue, leurs yeux se fixaient seulement sur leur maître, le riche Frey Jemkins, retour d’Europe, sans un regard à l’adresse de ses compagnons, Pierre de Chazelet, Linérès et la comtesse de Armencita, lesquels, leur étant inconnus, auraient pu à juste titre exciter leur curiosité.

Frey, avec sa rondeur habituelle, leur débita ce petit discours :

— Bonjour Totham ; bonjour Jacky… Vous avez pris, je pense, les dispositions pour l’enlèvement des bagages. Ne répondez pas, même par signes. Je suis sûr vous avez pris… Vous avez les deux chariots dont j’ai câblé le besoin. Ne pas bousculer les colis, un tas de jolies choses du vieux monde pour parer ma petite cousine Linérès… Acquitter les frais de douane, puis amener tout à ma maison de l’avenue Pensylvania, et prendre les ordres de Miss Linérès. C’est compris, je le vois. All right ! … Où est en station ma voiture ?

Celui qu’il avait désigné sous le nom de Totham répliqua :

— Angle Huitième Rue, chemin le plus court pour la maison.

— Bien. Faites votre service sans occuper vous-mêmes de nos personnes.

Sur ce, Frey prit familièrement le bras de Mme  de Armencita, puis se tournant vers le marquis un peu interloqué par cet entretien tout américain de maître à serviteurs.

— Mon cher Pierre, dit-il, offrez la main à votre fiancée et suivez mon sillage, vous descendrez à terre plus facilement.

Pierre le suivit, sentant avec joie la petite main de Linérès s’appuyer légèrement sur son bras.