Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/302

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— Le signal !

— Des importuns, une ronde !

Ces phrases furent susurrées par cent voix prudentes.

— Zéro, clama Jud Allan.

Aussitôt, l’assemblée tourbillonna sur elle-même, et comme par enchantement, la clairière se trouva déserte, ne conservant plus aucune trace de la foule qui la peuplait tout à l’heure.

CHAPITRE V

L’AFFAIRE DES BARRES D’OR


Audacieux pilleurs de trains. — Cinq millions d’or en barres enlevés. — Deux agents agonisent, deux autres blessés.

Telle est la manchette sensationnelle qui s’étalait, deux jours plus tard, en tête des grands quotidiens.

Certes, les Américains sont gens trop pratiques pour s’intéresser, ainsi que les populations sentimentales d’Europe, aux crimes ou accidents frappant de pauvres diables. Par contre, ils se passionnent à un degré inconnu dans l’ancien monde pour les aventures où des millions sont en jeu.

Mais nulle part, l’effervescence n’atteignit celle qui régnait à Jersey-Shore.

Le bourg figure assez bien la charpente osseuse d’un poisson, dont l’épine dorsale serait formée par la grande rue et les arêtes par les voies latérales, aboutissant, d’un côté, aux berges de la rivière Susquehannah, de l’autre aux bois de Lincolt, affermés à une compagnie pharmaceutique on n’a jamais su pourquoi.

Tous les habitants se groupaient dans la rue principale, lisant à haute voix les journaux, les commentant.

Un inspecteur de la police, ayant pris part à la première enquête, avait été reconnu, empoigné, juché sur une borne et sommé de renseigner ses concitoyens. En Amérique, il ne fait pas bon résister à semblable invitation. L’inspecteur parla donc.

— Honorables gentlemen, voici ce que l’enquête a établi. Le train 323 P. C. de Pittsburg à la Côte, est un mixte, c’est-à-dire un train spécialement affecté au transport des marchandises, mais auquel on