— Ah ! c’est toi, petit Tril, que cherches-tu ?
— Vous, pour vous dire que le gérant de l’hôtel vocifère contre vous.
— Ah ! ah ! Que vocifère ce digne gérant ?
— Qu’il vous a mis à la porte à raison de vos promenades continuelles, et qu’il refusera de vous payer, si vous ne déguerpissez pas ce soir.
— Cela est grave, et je te remercie, petit Tril ; viens avec moi, je te remettrai un pourboire pour ta peine.
— Je ne puis pas. Je vais attendre les voyageurs au Pensylvania Railroad (gare de Pensylvania, Ohio, etc.). Au surplus, entre employés, on se doit cela.
La réflexion parut toucher le maître d’hôtel.
— Good fellow tout à fait… Je laisserai quelque chose pour toi, à titre de souvenir… Va au Railroad, old boy ; moi, je vais toucher mon argent.
Et d’un pas rapide, le flâneur se dirigea vers le Meyer-Hôtel, situé, comme on le sait, à proximité des débarcadères, au point de croisement des Troisième et Hudson-Streets.
Tril le regarda s’éloigner. Un instant après, il rejoignait le boy mal vêtu, auquel l’employé renvoyé avait remis tout à l’heure deux cents.
— Eh bien ? fit-il.
— Il m’a demandé de ce qu’on attendait ici. L’annonce de l’arrivée du Kaiser-Wilhelm l’a réjoui.
— Il ne renonce donc pas à son projet, grommela le chasseur d’un accent pensif. Alors, pourquoi s’est-il fait renvoyer par le gérant ? Toujours dehors malgré les observations ; et ce matin, il a répondu grossièrement au « patron ». Donc, il voulait… Est-ce que tu comprends, toi, Top ?
L’autre secoua négativement la tête.
— Enfin, il faut que j’aille à la gare pour le « roi »… Préviens Fall et Suzan.
Cependant, celui qui avait été l’objet de cet entretien, arrivait à l’hôtel Meyer.
Dans le bureau, un homme assez gros, rouge de teint, marchait furieusement, frappant le plancher de coups de talon rageurs.
Il bondit vers le nouveau venu.
— Enfin, vous daignez arriver, Oakes ! gronda-t-il… Je vous demanderai si vous êtes disposé à quitter la maison.
L’autre riposta tranquillement :
— Je suis tout à fait disposé. Si vous voulez me