Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’homme rouge s’arrêta. Il tira de sa poche un carnet, traça quelques mots sur un feuillet, le déchira, puis fit entendre un léger sifflement.

Aussitôt les branches des buissons voisins s’agitèrent. Au milieu des feuillages une forme imprécise se devina, deux yeux noirs brillèrent, et une petite main velue se tendit au dehors. Sans manifester la moindre surprise, l’Indien tendit le papier, la petite main le saisit et disparut dans la feuillée. El Dieblo se remit en mouvement.

À sa droite s’étendait la pulqueria où Pariset avait trouvé la mort.

El Dieblo va toujours. Il dépasse la pulqueria, prolonge un taillis, se rejette dans le parc d’agrément, qui s’étend autour de l’hacienda. Il est maintenant à peu près de deux kilomètres des bâtiments.

Il suit un sentier sablé de cette poudre rougeâtre que la mer Vermeille jette sur ses plages. Des arbres se joignent au-dessus de sa tête.

Une plaine herbeuse succède au terrain boisé. À cent mètres en avant, l’homme rouge aperçoit l’alignement revêche d’une clôture de plantes épineuses. Au centre, une porte à claire voie, badigeonnée de blanc, permet aux regards de plonger dans un jardin ombreux dans une avenue soigneusement entretenue, que borde une haie de ongatl aux fleurs de pourpre. Entre le bois et la barrière, un homme se promène, le fusil sur l’épaule.

— Un de ces satanés Japonais, grommela l’Indien. Bah ! C’est Jemkins qui m’envoie vers Rouge-Fleur, je n’ai point à me cacher.

Sur ce, il sort du couvert

— Halte ! crie le factionnaire.

— Frey Jemkins m’envoie vers Rouge-Fleur.

— Pas d’ordres, riposta laconiquement le Japonais. Tu n’avanceras pas.

— Alors, préviens de mon arrivée.

Son interlocuteur secoue la tête.

— Oruki ne saurait quitter son poste. Pour prévenir, il peut seulement faire feu sur quiconque essaiera de forcer le passage.

Et Oruki épaula son arme. L’Indien, lui, haussa philosophiquement les épaules.

— Ochs ! Je retourne auprès de Frey Jemkins. Je lui rendrai compte de la situation.

Satisfait, le factionnaire abaisse son arme, mais brusquement il sursaute, se retourne. Une voix ironique vient de clamer derrière lui :