— Les Japonais sont des ânes.
Il demeure stupéfait. Il a entendu et il ne voit personne.
Puis le bruit d’une course furieuse résonne. Il refait face au sorcier rouge. Trop tard. Celui-ci est déjà sur lui. Avec une maestria remarquable, il envole le garde rouler à trois pas, non sans lui avoir au passage enlevé son arme.
Et à présent, il tient en joue le pauvre diable, ne concevant pas de quel soudain cataclysme il est victime.
— Avertis la señora que je désire lui parler, à moins que tu préfères que je donne le signal dont tu me menaçais tout à l’heure.
Le canon de la carabine prête aux mots une terrible éloquence.
— J’irai, j’irai, soupire le vaincu. Après tout, je puis avouer ma défaite, puisque les voix invisibles combattent pour toi.
Et il va vers la barrière blanche. Il a l’effroi de ce qu’il ne s’explique point. Le sorcier ricane, la face crispée par un rire muet :
— Inutile de dévoiler mes talents de ventriloque. Ils peuvent servir une autre fois.
Mais la barrière blanche de l’enclos épineux s’ouvrit, et la jolie Rouge-Fleur parut, un revolver incrusté d’argent à la main.
Oruki voulut parler. L’Indien ne lui en laissa pas le loisir. Il courut à la Chinoise et, déposant à terre la carabine enlevée au factionnaire.
— L’homme de garde m’empêchait de passer, commença-t-il.
Elle dit sèchement :
— Voilà un Peau-Rouge qui se croit tout permis.
Avec une inclination pleine de noblesse, il répondit :
— Jemkins m’a permis beaucoup déjà, et je viens à vous pour que vous me permettiez davantage.
La jeune femme ne put se tenir de sourire légèrement.
— Qu’espères-tu de moi, homme rouge ?
— Ta confiance.
— C’est beaucoup demander.
— Ce serait beaucoup si ton visage était blanc. Mais la peau fine est teintée d’or pâle, et tu sais que les guerriers rouges souhaitent la réussite de tes projets.
— Mes projets… Les connais-tu donc ?