Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/404

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— En douceur… La mort par immersion est douce.

Mes braves, plongez cette jeune personne dans l’étang.

Les serviteurs soulevèrent la civière et se rapprochèrent de la nappe d’eau.

— Pierre ! Pierre ! au secours ! sauvez-moi.

En présence de l’onde noire qui allait l’engloutir, Linérès appelait, cédant à faiblesse de son sexe.

Au son de cette voix, Chazelet sentit sa résolution s’effondrer. Sa volonté s’évanouit. Et il gémit d’un ton éperdu :

— Qu’elle vive ! oh ! qu’elle vive ! Tout pour qu’elle vive !

— Même le mariage ? répliqua froidement Jemkins.

— Oui, même cela.

— J’ai votre parole ?

— Je vous la donne.

Puis, succombant à la violence de son émotion, le jeune homme eut l’impression vertigineuse que tout tournait autour de lui. Ses jarrets plièrent sous lui, et il s’affaissa lourdement sur le plancher.

Jemkins le considéra un instant, avec un sourire indéfinissable.

Après quoi, il jeta cet ordre :

— Ramenez la señorita à son logis. Et vous, gentille Linérès, souvenez-vous. La mémoire vous conseillera de ne plus songer à désobéir.

Les serviteurs s’éloignèrent, emportant la pauvre enfant qui sanglotait, et ils furent bientôt hors de vue.

Alors, Jemkins eut un mouvement de tête dominateur.

Puis, sans un regard pour le marquis gisant à ses pieds, il gagna la porte et quitta la chambre.

Marahi attendit quelques instants encore. Enfin rassurée par le silence, elle sortit doucement de son abri, et retourna vers la pulqueria.

CHAPITRE XII

FIANÇAILLES TRAGIQUES


Huit jours ont passé. Dans une salle du rez-de-chaussée de la Maison d’Azur, Mme  Pariset et Lilian étaient enlacées.

Une joyeuse stupeur épandue sur ses traits, la