Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/405

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veuve écoutait sa fille, son enfant chérie, qui parlait ainsi :

— Oui, mère aimée, dans la nuit qui suivit mon enlèvement de cette Casa Azurea, j’étais seule, enfermée dans une caverne naturelle, où j’avais été entraînée. Alors se présenta devant moi une Indienne. Elle me dit :

— Enfant ! Ne pleure plus. Le terme de tes souffrances est proche. Si tu obéis docilement, ta mère, toi-même, serez délivrées de Jemkins avant que la neuvième journée à venir soit terminée.

« Et comme je la considérais avec surprise, elle poursuivit, me contant une histoire de contrat de mariage devant se signer en présence d’un délégué mexicain. Je te l’avoue, maman bien-aimée, j’ai songé à mon protecteur. J’ai questionné…

« — Et Allan ?

« La femme m’a répondu :

« — Après, il ne sera plus en péril, jeune fille, il pourra venir à toi. Mais pour l’instant, obéis sans résistance, sans explications, à Rouge-Fleur. Elle te conduira au but, à la conquête de tes droits comme fille de Pariset.

La veuve la regardait, extasiée.

Oh ! Lilian était ravissante dans ce costume mexicain, sous lequel, une heure plus tôt, elle était apparue à la Maison d’Azur.

C’était la tenue des fiancées de l’État de Sonora.

La veste, la jupe de soie blanche aux broderies bleu et argent, les petits souliers de satin adornés de même et laissant apercevoir les bas soyeux d’un bleu pâle.

Un petit coup léger fut frappé à la porte, et la Chinoise Rouge-Fleur se montra presque aussitôt.

— Sommes-nous prêtes ? fit-elle en entrant.

— Oui, répondirent les deux femmes.

La jolie Chinoise leva les bras au ciel.

— Prêtes ! Elles osent dire qu’elles sont prêtes, et cette jeune Lilian n’a pas encore coiffé le rebos.

Ce disant, elle prenait un voile rose de trame assez épaisse étendu sur un siège.

Et Lilian, riant, heureuse et confiante, se laissa envelopper la tête, masquer le visage par la légère étoffe.

C’est un usage du pays. La fiancée ne doit pas montrer ses traits avant que les formalités du contrat soient terminées.

Les signatures échangées, elle écarte le rebos,