Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/413

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— Ceci : « Entre les buissons où je vais disparaître, le salut, la vengeance veillent. Qu’aucun cri de vous, de Linérès, ne signale à vos geôliers que quelque chose est changé. »

Doucement, la Jeune fille murmura :

— Alors, marchons vite. Il s’agit, je le devine, d’augmenter la distance qui nous sépare de Frey Jemkins et de ses amis.

Et elle entraîna le jeune homme, en disant avec une intonation héroïquement mutine :

— Pour l’honneur !

Les voici dans le couloir de buissons. Des curieux les suivent, d’autres les attendent à l’orée du passage étroit ; mais sur les flancs, personne.

Les arbustes isolent les fiancés. Ils sont les alliés des inconnus, aux volontés ignorées de qui les jeunes gens se soumettent.

Et puis, brusquement, il y a un remous parmi les assistants.

Le groupe d’escorte et celui qui attend en avant semblent courir l’un vers l’autre, se fusionner, remplissant le couloir de verdure.

Une poussée sépare Chazelet de Linérès. Il se retourne, il veut appeler. Une voix murmure à son oreille :

— Silence !

Il fait face du côté où l’on vient de parler. Des ombres s’agitent, n’ayant point l’air de se préoccuper de lui. Malgré la défense, il va appeler Linérès ; une main légère se glisse sur son bras.

Qu’est-ce encore ? Il regarde et pousse une sourde exclamation.

La fiancée est là, coiffée du rebos, ayant au col le gorgerin de saphirs. Sa robe, dans la pénombre, dessine une blancheur.

La cohue s’est dissipée comme par enchantement. Le chemin est libre devant les jeunes gens. Ils parcourent sans encombre l’espace compris entre les broussailles. Ils parviennent en terrain découvert. Des pelouses s’étendent à présent de chaque côté de l’allée.

Et Chazelet a une impression étrange, bizarre, affolante.

Il reconnaît le corsage, la jupe blanche aux broderies bleues, et le gorgerin, et le rebos, et les petits souliers.

Mais il ne reconnaît point la silhouette féminine qui marche à son côté.