Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/92

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cocher marqua sa déférence pour le client généreux en portant la main à son chapeau.

L’Américain répondit par une légère inclination de la tête et s’éloigna vivement, descendant la rue François-Ier dans la direction du Cours-la-Reine.

Presque à l’extrémité, se dressait un hôtel spacieux, à un seul étage, que dominaient de grands arbres indiquant le jardin placé en arrière.

Sur le devant, le mur bas, surmonté d’une grille artistique, laissait les yeux pénétrer dans la cour au pavage de bois, bordée : au fond par une terrasse aux balustres de marbre, précédant le corps de logis principal et à laquelle on accédait par un large perron s’évasant en éventail ; sur les côtés, par des ailes en retour, se terminant sur la rue par deux pavillons.

L’un des deux était affecté au logement d’un gardien, lequel se tenait, malgré l’heure tardive, auprès de la porte de service, en grande conférence avec plusieurs gardiens de la paix.

Tout cela, Allan l’embrassa d’un coup d’œil.

Il allait entrer ; une forme humaine se dressa devant lui.

— Monsieur Allan.

Il reconnut le marquis de Chazelet.

— Vous, ici ?

— Oui, moi, qui deviens fou. J’ai essayé de pénétrer dans cet hôtel, où il se passe des choses horribles… M. Lerenaud vient d’arriver… Et l’on me repousse…

Doucement, l’Américain murmura :

— Venez avec moi.

Sa voix s’était faite caressante.

— Oh ! merci.

— Ne remerciez pas, cela ne vaut pas une mention. Vous souffrez de l’inquiétude, je vous aide à forcer le passage ; quoi de plus naturel ?

Et, l’entraînant pour couper court à ses protestations :

— Venez, répéta Allan, venez.

Tous deux franchirent la porte de service.

— Messieurs, messieurs… s’écria le suisse, faisant mine de les arrêter.

Mais l’Américain lui présenta un carton vert, devant lequel le cerbère s’inclina, bredouillant des excuses. Allan l’interrompit pour demander :

— M. Lerenaud ?

— Au salon, monsieur… Il attend ces dames pour