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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— À la bonne heure. J’eusse été surpris qu’elle eût commis une méprise semblable. En ce cas, rien ne s’oppose à ce que nous échangions parole.

— Mais…

— Vous allez répéter des choses sans intérêt. Ce que vous êtes, je veux vous le dire : Un ingénieur de haute, haute valeur. Vous le prouverez d’ici peu.

— Grâce à votre appui.

— Si cela vous plaît, et il ne m’est pas désagréable que vous le pensiez. Ainsi vous me serez reconnaissant, attaché, et je gagnerai un fils de plus.

C’en était trop. Deux grosses larmes roulèrent lentement sur les joues de François et il joignit les mains, incapable de prononcer un mot.

Mais son geste, l’expression de son visage, parlaient mieux que n’eussent pu le faire ses lèvres.

Le rêve qui le bouleversait un peu plus tôt devenait une réalité.

— Est-ce entendu ? reprit l’Anglais.

— Oh ! Comment reconnaître…

— Pas de phrases, je vous en prie. Nous sommes des gens pratiques, je pense, et une convention doit s’exprimer clairement. Est-ce oui ? Est-ce non ?

— C’est oui, et ma vie est à vous.

— All right !

Et, en aparté, Gédéon Fairtime se confia :

— Je crois que j’ai agi en sujet loyal et en bon père… Tout le monde sera content, et moi aussi, ce qui ne gâte rien.

Le fait est que la solution satisfaisait également Péterpaul et Jim.

Tous deux s’unirent pour dire leur joie à leur beau-frère français, et, on s’accoutume au bonheur plus aisément qu’à la tristesse, en arrivant à l’Hôtel du Camp, François de l’Étoile commençait à considérer comme réel le songe qu’il venait de vivre.

Là, il prit congé. Il lui fallait revêtir un costume de ville pour se rendre au dîner offert par l’Anglais.

Mais, si pressé qu’il fût de revoir Édith, maintenant qu’elle n’était plus pour lui l’Étrangère, il demeura sur le trottoir jusqu’à ce que l’automobile et ses passagers eussent disparu, cent pas plus loin, à l’intérieur de l’Hôtel de l’Aigle.