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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/169

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Le pope étendit le bras :

— Moi, mon fils…

— N’étiez-vous pas le messager de d’Artin ?

— Sans doute.

— Eh bien. Le vicomte est arrivé à Rochegaule avec des soldats. Il a capturé un officier de l’Empereur, il a emmené sa sœur prisonnière.

Ivan n’écoutait plus. Avec effort il se relevait.

— Je ne comprends rien à ton histoire… mais il me semble que tu crains pour Napoléon.

— Hélas !

— Cela me suffit… Je suis à toi, mon fils… Les lions ne se mangent pas entre eux… Il est le lion des batailles, je suis celui des futailles. — Victoriæ leo, Amphoræ leo.

Et persuasif :

— Quant à moi, j’aime cet empereur, dont la présence commande au vin de France de prendre le chemin de mon estomac… Et puis, avec Juvénal, je pense que les animaux nobles se doivent allier.

Indica tigris agit rabida cum tigride pacem
Perpetuam, sævis inter se convenit ursis.

Que veux-tu de moi ?

— L’adresse de d’Artin, répondit Espérat, comprenant d’instinct la sincérité de son interlocuteur.

— Je vais te conduire moi-même.

— Non, votre marche est trop lente.

— C’est vrai… Mes pieds sont destinés à porter les bouteilles, de là une marche lente et circonspecte…

— L’adresse, l’adresse…  ?

— Grande rue, au logis Fraisous.

— Merci…

Déjà Milhuitcent s’éloignait. Le pope le rappela :

— Et moi, que ferai-je, moi auquel il est interdit de déambuler rapidement, moi qui n’ai point, ainsi que toi, les pieds légers d’Achille, podas okus Achilleus, comme dit le vieil Homère.

— Le village de Perthes est à 200 mètres à peine.

— Et il possède une auberge ?

— Dont le vin vous parut bon… la cruche est près de vous, rapportez-la.

Le gamin disparut derrière les buissons.