Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/170

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Mais Ivan Platzov étendit les mains en un geste de bénédiction :

— Une auberge !… Oui… là, j’attendrai avec patience. Ce jeune homme est un sage. Son esprit sain est enfermé dans un corps agréable aux yeux. — Mens sana in corpore pulchro.

Puis se reprenant à trois fois pour ramasser la cruche renversée sur l’herbe :

— La terre est remplie d’embûches ; si je n’avais la stabilité d’une tour, ses incessants mouvements me jetteraient à terre.

Et saisissant enfin l’anse du vase :

— Je te tiens… Terre, tu tournes mal, sans régularité ; tu multiplies les secousses ; tu as l’air d’un monde ivre. Heureusement je suis plus d’aplomb que toi.

Sur ce, il se mit pesamment en marche, décrivant sur le sentier des crochets qui le renvoyaient alternativement d’une ornière à l’autre, et non sans peine, regagna l’auberge de Perthes.

Pendant ce temps, Espérat filait comme une flèche sur la route : il monologuait sans ralentir son allure :

— Au logis Fraisous…, connu… ; la maison Renaissance inhabitée depuis le trépas du vieux président du tribunal. Un grand portail, la cour avec de l’herbe entre les pavés, l’hôtel… je vois la maison d’ici… C’est sans doute là que d’Artin a conduit le capitaine Parbleu ! À pareille heure, pas autre chose à faire… Il faut donc le délivrer cette nuit.

Délibérément, le jeune garçon ajouta :

— On fera son possible.