Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/268

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se dirigèrent vers le logis du maréchal Macdonald. Là un contre-temps les attendait. Le maréchal effectuait une inspection des grand gardes et ne serait de retour que vers onze heures.

Il en était sept à peine. Comme le fit remarquer Henry de Mirel, les voyageurs ne pouvaient mieux employer leur temps qu’à dîner, manœuvre indispensable après une chevauchée.

Et Bobèche approuvant hautement la motion, tous trois se mirent en route vers le logis du comte, capitaine de Rochegaule.

Celui-ci était installé dans une maison proche de Saint-Urbain, cette église du treizième siècle édifiée par les soins du pape Urbain IV, originaire de Troyes, et dont l’obscurité empêcha les jeunes gens d’admirer les vitraux remarquables et le curieux bas-relief de Gentil.

Mais l’accueil du comte les dédommagea de ce petit déplaisir. On dîna avec le laisser aller d’anciens amis ; et le sévère gentilhomme se fit tendre, lorsqu’Espérat lui raconta comment il avait réussi à délivrer Lucile.

— Ah ! s’écria-t-il, enfant, tu as sauvé l’honneur de ma maison… Tu as le dévouement d’une noble créature que rappellent les traits de ton visage.

— De qui donc, interrogea Mirel ?

— De ta mère, répondit le vieillard avec émotion.

Henry devint pâle. Mais personne ne remarqua son trouble, car Bobèche, soucieux de ne pas laisser s’attendrir ses compagnons, commença un de ces récits funambulesques dont il avait le secret et auxquels le rire faisait cortège.

Neuf heures sonnèrent, le comte se leva. Il devait prendre son service. On se sépara avec de grandes effusions.

Une fois dehors, Milhuitcent et le pitre parlèrent de se rendre à l’auberge, d’abord pour attendre le moment de retourner au quartier général de Macdonald, puis pour achever la nuit après l’entrevue. Mais Henry de Mirel supplia :

— Allez seul, monsieur Bobèche, je voudrais parler longuement à Espérat.

— À moi, se récria celui-ci… ?

— À toi.

— De quel air tu dis cela. Tu as la mine d’un poltron qui fait son testament !

— C’est quelque chose d’approchant, répliqua le jeune voltigeur d’un ton mélancolique.

Milhuitcent le regarda. Il fut frappé de l’expression du visage du petit