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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/72

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CHAPITRE VIII

En famille


— Emmenez le petit, Lisch’, son père l’énerve vraiment trop…, il sera malade.

— Non, non, Maria-Luisa.

Lisch’, une plantureuse viennoise, à la peau blanche, aux cheveux d’or, rit bruyamment :

— Madame, faut-il désobéir à S. M. l’Empereur ?

— Sans doute, sans doute. Il n’est pas raisonnable. C’est la santé de l’enfant.

Après avoir déjeuné à la Malmaison, Napoléon était rentré à Paris. À peine de retour aux Tuileries, il déléguait à Marc Vidal le soin d’aller chercher M. de Talleyrand, et pour préluder de façon souriante à l’entretien qu’il voulait avoir avec le diplomate, il montait aux appartements de sa femme, Marie-Louise d’Autriche.

Il avait trouvé la jeune Impératrice, jouant avec son fils, le petit roi de Rome, pauvre être qui portait déjà sur son visage poupin, l’empreinte de la fatalité dont sa vie devait être assombrie. Le front, le menton des Bonaparte s’accusaient chez lui, non pas tempérés, mais combattus par le regard vacillant, les boucles blondes de la maison d’Autriche.

On lui essayait un petit uniforme de grenadier, et Marie-Louise, aidée de Lisch’, fille de chambre du jeune héritier du trône, riait de son rire perlé, monotone, de femme insignifiante et futile qu’était la compagne de l’Empereur.

Grande, déjà épaissie, le front étroit, le nez mignon, elle avait la lèvre inférieure qui avançait légèrement ; gentille malgré ces imperfections, elle donnait l’impression d’un esprit vain, quelque peu égoïste,… et aussi capable de rouerie intime, de la basse diplomatie du ménage.

En ce temps où il était de mode de chercher dans les visages humains