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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

deviennent inutiles en ce qui vous concerne, demeurent nécessaires pour m’éviter tout reproche de négligence.

— En somme, s’exclama la duchesse, nous demeurons prisonniers.

— Non, Madame ; si j’étais seul maître en ce moment, je vous affirme sur l’honneur que je vous dispenserais de toute explication nouvelle. Malheureusement, je ne suis que l’exécuteur des ordres du gouvernement, et je dois faire taire mes sympathies personnelles…

— Oui, oui, je le conçois… Mais pourquoi le gouvernement s’est-il occupé de nous ?

Le lord étendit les bras à droite et à gauche, en signe d’ignorance.

— Ma lettre de service portait simplement cette indication : « Sur renseignements confidentiels. »

— De sorte qu’à Colombo…

— Les magistrats vous interrogeront, tandis que je câblerai à Calcutta.

— Et si les magistrats sont moins clairvoyants ou moins aimables que vous-même ?

Nouveau geste vague de l’amiral.

La petite duchesse eut un mouvement rageur et s’adressant à Dodekhan :

— Qu’en dites-vous ?

— Je dis, murmura le Maître du Drapeau Bleu d’un ton soucieux, que le lord amiral ne saurait agir autrement.

— Voilà qui est parler raisonnablement, se récria, l’officier de marine.

— Mais, continua le jeune homme, le coup vient de Log, je n’en ai pas la preuve, et cependant j’en suis sûr.

— De Log, dans quel but ?

— Dans le but de nous empêcher de fuir la terre d’Asie ; constatez qu’il est en train de gagner la partie.

Les Anglais présents froncèrent le sourcil.

Ce Log, dont le nom avait été prononcé si souvent dans le récit de Sara, ce Log les irritait dans leur amour-propre.

Il semblait avoir, dans l’esprit des voyageurs, une grandeur menaçante, dont eux-mêmes étaient rapetissés.

Et les officiers d’aucune nationalité n’aiment cela,