Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/147

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— Cela m’apparaît certain. Au surplus, nous allons nous en assurer auprès du commandant.

— Idée géniale, s’écria le jeune homme en s’élançant vers la passerelle.

Mais la main mignonne de son interlocutrice s’appuya sur son bras, brisant son élan.

— Vous m’arrêtez ?

— Eh oui ! Afin de convenir ce que vous confierez à l’estimable officier.

— Ce que… Je porterai donc la parole ?

— Vous seule êtes qualifiée. Une femme de chambre s’inquiète de la disparition de ses maîtres. Quoi de plus naturel ?

Pierre répondit avec conviction :

— Rien, vous avez raison. J’y vais.

Elle le retint encore.

— Attendez.

— Quoi encore ?

— Mes instructions.

Et avec un délicieux sourire qui découvrit ses petites dents blanches, mistress Honeymoon reprit :

— Vous êtes, ne l’oubliez pas, à mon service, autant au moins qu’à celui de Mlle  Sika.

— Bien davantage, déclara le jeune homme avec feu.

— Je n’en demande pas tant.

— Mais moi, j’offre cela. Mon service est volontaire auprès de vous, tandis qu’auprès d’elle, il est obligé.

Il avait mis un sentiment inexplicable dans cette explication. Il se tut subitement, un trouble se manifestant sur ses traits ; sa compagne, elle, avait rougi légèrement ; ses paupières papillotaient, et sa respiration précipitée trahissait les battements plus pressés d’un cœur palpitant.

Sa voix s’assourdit pour dire :

— Je vous remercie de vos bonnes paroles… Voici donc mes instructions.

Et reprenant le calme souriant qui lui était habituel, elle continua :

— Vous irez trouver le commandant.

— J’irai.

— Vous lui exposerez la situation, vos maîtres