Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/155

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— Droit sur ce canot, ordonna le général d’une voix rageuse.

Sous l’impulsion du mousse, le n° 4 vira de bord.

Aussitôt le canot mystérieux tourna sur lui-même et prit chasse, maintenant imperturbablement la distance qui séparait les deux esquifs.

Ceci devenait vraiment trop fort

Marcel, Sika, Emmie applaudirent le Japonais lorsque s’adressant au mécanicien Tomaso, il clama :

— Forcez de vitesse.

Mais sans doute l’autre bateau força également, car le n° 4, dont la membrure tremblait sous la rotation accélérée de l’arbre de l’hélice, le poursuivit durant vingt minutes sans le gagner d’une brasse.

Chez tous, l’impuissance à joindre le fuyard se traduisait par une irritation grandissante, la belle indifférence des subalternes, déclara :

— Il est bien inutile de continuer, nous perdons notre temps à vouloir rattraper ce gaillard-là.

— Vous croyez. Nous ne pouvons donc marcher plus vite ?

— Eh non, signor ; et le canot là-bas le pourrait, lui !

La déclaration de Tomaso stupéfia ses auditeurs.

— Ah çà ! vous le connaissez donc ? gronda le général, traduisant la pensée de tous.

— Bien sûr… Il était du raid Tripoli-Brindisi, comme celui-ci.

— Hein ? Du raid également ?

— Comme vous dites. C’est le n° 2. Si j’avais été au chantier quand vous avez loué, c’est lui que je vous aurais conseillé de choisir. Il tient la mer mieux que les autres, et a une supériorité de marche indiscutable.

— Mais pourquoi nous suit-il ?

— Ça, je n’en sais rien. Seulement, quand le client qui le monte, a fait sa location, il devait avoir son idée ; car il a essayé toutes les embarcations, et a jeté son dévolu sur le n° 2, le plus véloce, a-t-il dit.

Les voyageurs s’entre-regardèrent avec inquiétude.