Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/191

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du Shanghaï, lequel, après quelques paroles échangées, les conduisit à sa cabine où tous trois s’enfermèrent.

Déjà, mistress Honeymoon avait perdu sa tranquillité.

— Vous avez vu l’homme en blanc, monsieur Pierre ? fit-elle d’une voix prudente. — Sans doute. Pourquoi la question ?

— Parce que, à sa coiffure, j’ai cru reconnaître un fonctionnaire de la police anglo-égyptienne.

L’annonce fit courir un frisson sur l’échine du jeune homme.

— Et vous pensez ? bégaya-t-il.

— Je ne pense rien, mais je suis inquiétée par la venue de ce personnage.

Les causeurs n’allaient pas tarder à se rendre compte de la justesse de l’impression de la jolie espionne. Un matelot s’approcha d’eux et s’adressant à la pseudo-femme de chambre.

— Mademoiselle Véronique, n’est-ce pas ?

— Oui. Que désirez-vous ?

— Que vous me suiviez chez le commandant, qui vous demande.

Pierre devint blême. Il jeta un regard éperdu sur l’Anglaise, sur la côte encore lointaine. Nul moyen de fuir une arrestation qu’il jugeait imminente.

— Je vous sauverai, chuchota mistress Honeymoon, très émue elle-même ; pour l’instant, il faut obéir à l’appel du capitaine.

D’un mouvement instinctif, leurs mains se joignirent. Puis avec un grand geste de résignation, Pierre-Véronique suivit le marin.

Il s’efforçait d’assurer sa contenance. Après tout, il se savait innocent du crime dont ses amis de Paris, choisis à la légère, il le reconnaissait, l’avaient chargé. Cette conviction, lui rendait une part de son courage. Mais ce qui le navrait, c’était la prison probable et la séparation forcée de la gentille veuve, dont la présence, il se l’avouait, lui était devenue indispensable.

Telles lui apparaissaient ses dispositions sentimentales, lorsqu’il pénétra dans la cabine du capitaine.