Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/200

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n’est-ce pas, de saluer une représentante du service britannique. — Il toisa railleusement Pierre. — Une représentante accompagnée d’un gentleman, auquel je demanderai avec intérêt des nouvelles de Véronique.

Sous le coup droit, Pierre se troubla. Une peur irraisonnée poussa les paroles sur ses lèvres.

— Puisque vous savez tout, balbutia-t-il…

Lydia trancha impétueusement la phrase :

— Non, monsieur Midoulet ignore que vous appartenez à la surveillance extérieure britannique.

— Moi ?

— Je vous ai fait agréer, afin que vous n’ayez plus rien à craindre de personne et encore, pour que ma mission remplie, justice vous soit rendue.

Le jeune homme tendit les mains vers la jolie créature en un geste de gratitude éperdue.

Elle lui sourit tendrement :

— Pour vous rassurer, j’ai divulgué totalement notre incognito.

— Oh ! s’écria Midoulet je l’avais percé à jour.

— Je le reconnais. Seulement, percé par vous, divulgué par moi, il n’existe plus. Je reprends hautement ma qualité, et j’en use.

Elle s’adressa à l’officier du port qui, le parleur en main, venait de prononcer :

— Restez à l’appareil, on va vous parler.

Et nettement :

— Service de l’Angleterre, je dois téléphoner sans retard.

Elle salua ironiquement Célestin, puis ajouta :

— Le coupe-file téléphonique, cher monsieur. L’Égypte est administrée par l’Angleterre, j’en profite.

Un instant, Midoulet demeura sans voix. L’aplomb de la jeune femme le déconcertait. Elle lui enlevait toute action sur Pierre Cruisacq, désormais protégé par le Foreign-Office (lequel, entre parenthèses, protège bien ses serviteurs). Elle confisquait le téléphone, et elle se moquait de lui.

Puis une colère violente bouillonna dans son crâne. Un geste la traduisit toute. Il se précipita ers l’ap-