Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/214

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la grande pièce d’étoffe qui cache le visage et le corps… Seuls les cheveux apparaissent. Il nous suffit donc de montrer des cheveux blonds dorés, et nul ne devinera la supercherie.

— Où en trouveras-tu dans ce pays des brunes ?

— J’en ai trouvé :

— Où donc ?

— La question m’étonne. Tu ne t’es pas demandé pourquoi nous avions quitté l’Égypte, pourquoi nous allions à Beyrouth ?

— Ils y sont donc, tes cheveux d’or ?

— Ils y seront à l’heure marquée par le destin, qui veut qu’Alissa soit sauvée pour devenir mon épouse.

Sans que Marcel pût s’expliquer pourquoi, son cœur se serra à ces paroles.

Mais après un silence qui augmenta le trouble du jeune homme, désolé maintenant d’être le confident d’un secret de sang, Yousouf conclut :

— Et j’ai compté sur toi, frère. Tandis que je conduirai Alissa libre sur un yacht, qui l’attend dans le port de Beyrouth, tu entraîneras l’autre au ravin d’El-Gargarah, au fond duquel se dresse le palais du défunt. Me suis-je trompé en espérant ton concours ?

Le Persan marqua une légère hésitation, puis avec un roulis des épaules :

— Le blâme qui arrête l’action indique une amitié tiède. Je ne blâmerai donc pas et je ferai ce que tu désires.

Tibérade n’en entendit pas davantage : les causeurs s’éloignèrent. Alors, frémissant, il sortit de l’ombre qui l’avait dissimulé jusque-là. Il maugréait sourdement :

— Partis ? Trop tôt ! J’aurais voulu connaître la victime désignée… Les blondes m’intéressent particulièrement… Et, par égard pour Sika, je me ferais volontiers le chevalier de celle que Yousouf condamne si cavalièrement. Ils vont bien, les Druses ; ils parlent de rôtir les jeunes files comme de simples mauviettes.

Tout en regagnant sa cabine, il continuait à soliloquer :