— Une jeune fille blonde… Elle sera à Beyrouth… Donc, elle n’y est pas en ce moment… Alors, où est-elle ? Je connais bien une charmante blonde qui se trouve sur ce navire… Mais Sika n’a rien à voir dans cette aventure… brûlante. Je vais me mettre à la recherche de mes deux conspirateurs, et quand je les aurai identifiés, je les surveillerai. Au fond, je serais ravi qu’aucune blonde ne fût grillée. Nous disons donc : Ahmed, Yousouf ; un Persan, un Druse.
Au surplus, le récit surpris valut à Marcel une nuit agitée de cauchemars, se développant dans des rougeoiements d’incendie.
Il se réveilla de bonne heure, les muscles meurtris par une courbature douloureuse. Son premier soin fut de consulter le livre de bord, où sont inscrits les passagers avec la désignation des cabines qu’ils occupent. Sans peine, il trouva les deux personnages dénommés Yousouf et Ahmed.
Ces passagers étaient l’objet de ces mentions très claires :
« Yousouf Argar, couchette inférieure, cabine 7. Destination : Beyrouth.
« Prince Ahmed Stidiri, couchette supérieure, même cabine et même destination. »
Pourquoi ces amis avaient-ils jugé bon d’échanger leurs résolutions sur le pont ? Peut-être s’étaient-ils méfiés des minces cloisons séparatives des cabines, si propices aux opérations fâcheuses des écouteurs indiscrets. En tout cas, ils avaient à présent un confident sur lequel ils n’avaient pas compté, et ils durent s’étonner de la persistance que mit Tibérade à les examiner durant le repas du matin, qui réunit tous les passagers dans la salle à manger.
Le jeune homme se les était fait indiquer par un serveur, un steward comme l’on dit habituellement à l’instar des Anglais ; et à présent, il les identifiait de façon à les reconnaître, en quelque endroit qu’il les rencontrât
— Que faire ? murmura-t-il en remontant sur le pont. Le paquebot touchera à Beyrouth avant une heure. Bah ! je veux assister au débarquement de ces deux gaillards. Peut-être leur victime sera-t-elle là…