Et tandis qu’elle s’asseyait, le général, à la suite de son guide s’enfonça dans les détours d’un couloir, lequel aboutissait à une double porte, matelassée afin d’étouffer le bruit des conversations. L’huissier frappa, ouvrit et s’effaça pour laisser passer le visiteur.
Celui-ci se trouva dans un cabinet sévère, meublé d’une table-bureau, de plusieurs fauteuils de cuir et d’une énorme armoire à trois panneaux qui occupait tout un côté de la pièce.
Un petit homme sec, la moustache cirée, la tête trop grosse pour son corps grêle, s’avança, la main tendue :
— Général Uko !
— Monsieur Arakiri, sans doute ?
— Lui-même !
— J’ai reçu votre convocation…
Du geste, le secrétaire désigna un siège.
— Asseyez-vous, je vous prie, mon général. Nous avons à causer de choses graves.
— Si graves que cela ? Interrogea le général, avec un sourire.
— Jugez-en. Elles intéressent notre patrie, le Japon, et je vous reçois à la légation de Corée. Ces simples paroles doivent vous faire pressentir l’existence d’un mystère.
— En effet.
— Or, qui dit mystère dit confidence sérieuse.
Et le général Uko, acquiesçant du geste, l’attaché poursuivit d’un ton insinuant :
— Ne vous frappez pas. Personne ne saurait nous entendre, les portes étant closes et bien gardées, soyez-en sûr. Veuillez donc m’accorder votre attention.
— Je suis tout oreilles.
L’interlocuteur de l’officier japonais s’inclina, et sans autre préambule :
— Vous savez aussi bien que moi, dit-il, que l’Allemagne, la France, la Russie, l’Angleterre, tous les grands États européens, se sont entendus pour maintenir le statu quo en Extrême-Orient, ce qui signifie, en langage diplomatique clair, que ces puissances