Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/24

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sont coalisées pour empêcher toute expansion nouvelle du Japon.

— La conclusion de cet accord a failli me faire mourir de rage.

— Or, le Japon veut être expansif…

— C’est son droit, par Bouddha !

— Il n’entend pas être astreint à conserver indéfiniment ses limites actuelles, alors que sa population va toujours croissant. Il lui faut sans cesse des frontières plus reculées pour n’être pas arrêté dans sa marche vers le progrès. Le Japon, entendez bien ceci, mon général, le Japon doit étendre sa suprématie sur le Pacifique et l’océan Indien.

— Il le doit, approuva Uko en se dressant à demi, seulement…

— Je sais ce que vous allez répondre. La réalisation de cette idée provoquera une guerre générale. L’Europe tout entière se lèvera contre nous.

— Précisément !

— Combien vous vous trompez, permettez-moi de vous le déclarer.

— Si vous me démontrez cela…

— Mais à l’instant, sans effort, le sourire sur les lèvres. La ruse nous a toujours réussi. Sans coup férir, sans effusion de sang, la ruse nous conduira au but ! Les vieilles nations s’agitent, crient, menacent, lorsqu’on étale bénévolement sous leurs yeux des projets ambitieux ; mais lorsqu’elles se trouvent en présence du fait accompli, elles s’inclinent toujours ; oh ! en murmurant ; mais notre empereur, notre mikado, est indulgent. Il admet les murmures. Eh bien, mon cher général, le vénéré souverain de l’empire du Soleil-Levant a trouvé le moyen de ne révéler nos desseins qu’après les avoir accomplis.

Le secrétaire Arakiri ponctua cette déclaration par un petit éclat de rire tout à fait ironique.

— Avec vous, je n’ai pas besoin de souligner l’importance de l’opération, reprit-il. Mais vous devinez que Sa Lumière Rosée, le mikado, a désigné, pour conduire l’action, un homme choisi parmi les plus sûrs, les plus éprouvés, les plus fidèles de ses sujets ! Vous, général Uko !