peaux pointus qu’ils recevaient adroitement sur la tête. Une écuyère, légère et vaporeuse en son maillot rose, leur succéda, évoluant sur un cheval richement caparaçonné ; le saut des cerceaux de papier, des obstacles, la voltige n’avaient point de secrets pour elle, et le public bénévole ne marchanda pas les applaudissements à l’artiste.
Marcel et ses compagnons seuls semblaient s’ennuyer. Ils avaient beau, tandis que les numéros se suivaient sans interruption, examiner la salle, la piste, l’entrée des écuries s’ouvrant en face d’eux, nulle part, ils n’apercevaient Emmie. Et la venue d’Emmie était la seule chose susceptible de les intéresser.
Tantôt l’un, tantôt l’autre, murmurait :
— Où peut-elle être ?
Ce à quoi le voisin répliquait :
— Attendons ! Elle nous a fixé rendez-vous ici. Donc elle viendra.
Et Midoulet, ainsi qu’un leitmotiv, se répétait à lui-même à chacune de ces réparties :
— J’espère que le pantalon du Mikado viendra aussi.
Une fois même, il se laissa aller à plaisanter, toujours pour sa seule personne.
— Elle porte la jupe-culotte, cette enfant !
Cela le fit rire, mais le général, étonné de cette gaieté intempestive, regarda mistress Robinson de si interrogative façon, que l’agent jugea bon de se tenir tranquille.
La représentation se poursuivait cependant.
Gymnastes, équilibristes en maillots cerise galonnés d’or « travaillèrent ». Puis vinrent des chiens savants parfaitement dressés, lesquels précédaient un clown-musical, qui avait eu l’idée ingénieuse et patiente de se confectionner un piano aux touches de silex sonore. Ce singe-homme précédait des singes quadrumanes et cavaliers.
« Entr’acte ! »
L’affiche annonçait l’interruption momentanée du spectacle, fut plantée au bout d’une perche, sur la piste, donnant le signal d’un brouhaha général.
Marcel, qui bouillait d’impatience, se dressa d’un bond :