Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/237

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les épaules, apparaissaient vêtues de gazes chatoyantes et nacrées. Les uns et les autres se rangèrent sur une ligne au milieu de l’estrade, puis ils saluèrent les mains aux lèvres avec un ensemble militaire.

— La voyez-vous parmi ceux-ci ? questionna Tibérade, hanté par la recherche d’Emmie.

Sika sursauta, et vivement, d’un ton de reproche :

— Vous n’y songez pas ? Emmie parmi des acrobates !

— Pourquoi pas ? Quand on appartient au personnel d’un cirque…

— Cela ne suffit pas. Il faut encore un entraînement spécial. Et je ne sache pas que l’éducation de votre cousine ait jamais comporté des leçons de voltige…

— Hélas ! la mienne comporte la logique.

— Que voulez-vous exprimer avec cette logique ?

— Que, d’après sa lettre, Emmie se trouve dans le cirque… Or, elle ne figure pas parmi les spectateurs ; donc, nous sommes tenus de la chercher dans le personnel de l’entreprise. Acrobate ou servante… Or, je penche pour le premier emploi ; une domestique, en effet eût pu, depuis le début de la représentation, abandonner son travail pour se manifester à nous.

Cette fois, Sika ne répondit pas.

Le général, mistress Robinson, et même Véronique, hochaient la tête d’un même balancement, approbateur de la conclusion de Tibérade.

Cependant, les enfants, suspendus aux fils d’acier fixés au cintre, avaient été hissés à mi-hauteur du dôme de toile du cirque.

Ils commençaient des évolutions compliquées, mimant une sorte de ballet aérien, qui produisait l’impression d’une farandole de ces amours ailés, si fort en faveur au dix-huitième siècle.

Le public, ravi par la grâce réelle du spectacle, applaudissait à tout rompre. Soudain un cri bizarre, incompréhensible, se fit entendre :

— Mavarçavel !

— La voix d’Emmie ! clama Tibérade, se dressant sur ses pieds, d’un bond si brusque qu’il faillit renverser son plus proche voisin.

Mais la voix reprenait, lançant, au profond ahurisse-