L’officier s’inclina et, curieusement :
— Expliquez-vous car, je l’avoue, je ne vois pas comment je puis assurer la domination du Japon sur les océans Pacifique et Indien. Le désir ne me manque pas, certes, mais la force.
— On vous la donnera.
— Oh ! alors… qu’attend de moi Sa Grandeur sereine le mikado ?
— Le mikado attend de vous, général, la première victoire… pacifique.
Uko se passa la main sur le front, en homme qui comprend mal.
— Une victoire pacifique ! Ah ! ah !… Enfin, notre souverain sait mieux que moi… Je suis prêt à obéir. Que me faut-il faire ?
— Je n’en sais rien !
À cette réplique inattendue, l’officier se dressa d’un bond :
— Comment ! Vous n’en savez rien ?
— Reprenez place, je vous en prie.
— Voilà… Mais, de par le Tigre et le Dragon, ne continuez pas à me retourner sur un rébus incompréhensible.
— Vous êtes bouillant comme le dieu de la guerre lui-même, général. Je vous ai convoqué pour vous transmettre les ordres qui m’ont été adressés.
— Je vous en serai reconnaissant
— En ce cas, écoutez-moi avec calme. Et si mes paroles vous semblent étranges, songez que je suis simplement le porte-voix du mikado.
Le petit homme salua dans l’espace, puis continua :
— Quelques mots sur ce qui se passe à l’ordinaire… À l’ordinaire, mon général, un ambassadeur reçoit de son gouvernement des instructions sous pli cacheté ; et régulièrement, il arrive que les chancelleries des puissances rivales sont informées du contenu de ces plis, avant que le plénipotentiaire se soit mis en route.
— Trop exact, hélas ! Ah ! si l’on était seul à entretenir des espions à l’étranger !…
— Oui, mais on n’est pas seul ; il faut donc songer