Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/254

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Un sanglot coupa la phrase. Le jeune homme s’était voilé la figure de ses mains.

Ses auditeurs demeuraient comme hébétés par la brutalité du coup qui les frappait.

À cet instant, Emmie prouva que, seule, elle conservait son sang-froid, bien que son chagrin fût aussi vif que celui de ses amis.

— Eh bien, dit-elle, si nous voulons sauver notre chère compagne, il convient de ne pas perdre de temps.

— La sauver, gronda le général, est-ce possible, alors que tout un peuple veut sa mort ?

— Mais non, au fait ; Emmie a raison !

Tibérade, transfiguré, avait jeté ces syllabes d’espérance.

— Mais non, reprit-il. L’observation de ma cousine m’a rendu la vision claire de la situation. Pour sauver Mlle Sika, il suffit d’arracher le voile qui masque ses traits, de révéler aux Druses la supercherie, la substitution de personne, dont Yousouf et Ahmed se sont rendus coupables. Ils nous rendront Sika, contre qui ils n’ont aucun motif de haine, et nous vengeront des féroces imposteurs.

— C’est vrai ! C’est vrai !

Les assistants, écrasés tout à l’heure, se reprirent à l’espoir, avec l’énergie de ceux qui ont cru tout perdre et qui entrevoient la possibilité de vaincre.

Le Japonais saisit le palefrenier par sa veste d’écurie, et le secouant avec une énergie farouche :

— Où est la demeure de Mohamed ?

— Oh ! loin d’ici, shib ; à une journée de cheval au moins ; dans la vallée d’entré Liban et Anti-Liban.

— Bien. Continue de nous renseigner ; deux pièces d’or pour t’encourager. Connais-tu bien Beyrouth, ses ressources ?

— J’y viens avec le cirque pour la septième où huitième fois.

— Alors, tu sais où gîtent les loueurs de chevaux ?

L’homme secoua les épaules avec une moue expressive.

— Sûr, je le sais ; mais je doute que l’on vous loue des bêtes à cette heure de la nuit…

— Nous paierons ce qu’il faudra pour la nuit.

— Alors, shib, il y a Karref, dans la Kébir-avenue ;