Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hélas ! l’émoi du père de Sika n’était que trop justifié.

Les points étincelants grandirent, se transmuant bientôt en langues de flammes dardant vers le ciel, éclairant de leurs reflets sinistres le palais embrasé, et projetant des lueurs sanglantes sur toute la vallée environnante.

Les ténèbres étaient vaincues par le rougeoiment d’un colossal incendie !

— Le feu ! Le feu ! balbutièrent les amis de Sika.

— Le feu ! répétèrent mistress Robinson et Véronique.

Ces mots s’éteignirent dans un silence morne.

Tibérade, Emmie avaient compris d’emblée les terribles conséquences du sinistre, qui allait rendre inutile leur dévouement, leur étape haletante à la poursuite de la captive aux cheveux d’or, jetée par la fourberie de Yousouf dans la fournaise, où une autre devait trouver la mort.

Le feu, l’embrasement du palais druse ! Et, dans ce palais, il leur semblait voir la jeune fille, captive, essayant vainement de fuir, tandis que les incendiaires se réjouissaient d’avoir offert aux mânes de Mohamed cet holocauste, à leur insu incomplet. — Pauvre petite !

L’exclamation pitoyable fut arrachée à Midoulet lui-même.

Pierre, lui, sentait ruisseler sur ses joues des larmes brûlantes.

Emportés par l’horreur de la situation, tous deux oubliaient leurs propres préoccupations. Ils ne songeaient plus au bizarre message du mikado, à la suite duquel ils s’étaient aventurés en railways, steamers et autres, depuis Paris.

Un désir fou, instinctif, inconscient, de se précipiter vers le foyer sans cesse élargi, envahit les voyageurs. Cela ne devait servir à rien ; mais certaines impressions ne se discutent pas. Tous abandonnèrent leurs chevaux qui, sur la pente, auraient ralenti leur course et, bondissant, titubant, chancelant sur les cailloux roulant avec fracas sous leurs pieds, se heurtant aux arbustes, se déchirant aux ronces, glissant, tombant, se relevant aussitôt, ils dévalèrent le sentier, livides, les yeux égarés fixés sur