Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/286

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chez leur interlocutrice une recrudescence de crise hilare. Il fallut cinq bonnes minutes pour que, entre deux fusées de rire, elle réussit à formuler :

— Je vous expliquerai mon idée tout à l’heure. Auparavant, je prierai notre ami, le général, de vouloir bien nous dire ce que contient en réalité la lettre de Mlle Sika.

— Comme vous le pressentiez, elle nous appelle à son secours, répliqua le général.

— En quels termes et dans quelle direction ?

— Voilà. Les mots se sont gravés dans mon esprit. « Une auto, écrit-elle, m’emporta vers l’est. »

— Vers l’est… C’est-à-dire vers l’intérieur, loin de la côte.

Le Japonais approuva du geste, et continua, les yeux clos, comme s’il lisait des phrases gravées en lui :

« Quelques paroles de mon ravisseur, un certain prince Ahmed, prononcées alors qu’il me croyait endormie, me font supposer que nous nous embarquerons sur le fleuve Euphrate pour gagner en bateau la ville de Bassorah, où ledit prince possède un palais. Bassorah, je pense, est le port établi au fond du golfe Persique. Venez à mon secours… J’ai le sentiment qu’un danger pire que l’incendie me menace. Lequel ? je l’ignore. Mais j’ai peur, peur à mourir… »

« Signé : Sika. »

Tous demeuraient silencieux, bouleversés par le cri de détresse venu du fond du désert jusqu’à eux. Ce fut encore la petite Parisienne qui, la première, recouvra le sang-froid.

— Allons, fit-elle, voilà qui est assez précis.

— En effet, Bassorah, le prince Ahmed… Cet homme était l’interlocuteur de Yousouf sur le Parthénon.

L’observation de Marcel fut coupée par le père de Sika :

— Précis ? Oui, la lettre est précise, trop précise même ; Sika est en danger, et je suis rivé ici, dans ce campement…