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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/287

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— À cause du pantalon « le Mikado », s’exclama la cousine de Marcel, la figure épanouie. Ah ! général, je vous demandais tout à l’heure si vous compreniez. Sachez donc que Mahomet donnera cette nuit même, à l’aimable jeune fille que je suis, l’ordre d’emporter ce diable de vêtement diplomatique. Donc, inutile de vous croire retenu ici. Vous pouvez à l’instant partir à la recherche de votre chère fille. Mon cousin vous accompagnera.

— Mais toi ? murmura Tibérade, encore que tout son être fût appelé sur la trace de la blonde Japonaise.

— Moi, tandis que vous irez à Bassorah, j’irai vous attendre à Beyrouth, d’où nous poursuivrons, à notre retour, notre voyage vers le but que nous ignorons. Quant à M. Midoulet et à son ami Pierre…

Elle ne put aller plus loin.

Un quadruple cri avait salué ce membre de phrase.

— Midoulet !… À quoi bon parler des absents ? plaisanta Marcel.

— Ah ! il est heureusement bien loin, ce gêneur, ricana le général en écho.

— Bien loin, vous le croyez vraiment ?

Emmie s’était levée. D’un geste si rapide que son adversaire ne le put esquiver, elle se cramponna au chapeau de mistress Robinson. Le couvre-chef céda et roula sur le sol, entraînant la perruque et les lunettes de la fausse Anglaise, mettant à nu le faciès trop connu de l’agent au service des Renseignements.

Un tour sur elle-même, et la gamine débarrassait également, des postiches qui le déguisaient, Pierre Cruisacq abasourdi.

Des exclamations stupéfaites se croisèrent :

— Midoulet ici !

— La femme de chambre est un garçon !

Ces cris émanèrent du général et de Tibérade.

— Cette petite est un démon, rugirent les espions.

Pour Emmie, aussi paisible que s’il ne s’était rien passé d’anormal, elle continuait :

— Bon, j’ai percé les déguisements ; à quoi bon continuer a nous gêner. Mon général et mon cousin s’en vont ; vous resterez avec moi.