Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est égal, quand je raconterai que, parti à la chasse d’un vêtement du Mikado, j’ai été amené à occire des lions, j’ai bien peur d’être traité de « fantaisiste », pour ne pas dire plus. Moi, l’homme du Boulonnais, on me considérera comme un Tartarin de Tarascon.

Mais l’heure n’est pas aux explications. Tous se taisent. Les carabines s’inclinent, leurs canons sont dirigés sur les féroces animaux qui recommencent à gronder sourdement. Un instant encore, les détonations vont crépiter. Soudain tous sursautent. Un ordre bref a retentit tout près d’eux :

— Ne tirez pas !

Ils se détournent. Nouvelle surprise. Emmie leur apparaît, dressée de toute sa petite taille, droite, menaçante, en face du prince, qui a assisté sans la comprendre à toute cette scène, bien plus rapide que le récit.

Elle braque un revolver sur le Persan.

— Ramenez la grille, ordonne-t-elle, ou je vous brûle, mon bon monsieur.

Son accent très résolu indique qu’elle frappera sans pitié, si elle n’est pas obéie.

Aussi Ahmed courbe la tête, il manœuvre le levier mouvant la grille séparative des deux parties de la courette. Et la rangée des barreaux de fer sort du mur, opérant en sens inverse la manœuvre effectuée tout à l’heure. L’obstacle a repris sa place, au moment où les lions, remis de leur premier effroi, bondissent en avant, pour saisir la proie qui leur échappe.

Trop tard. Leur élan se brise sur le rempart de métal.

— Le buffet est fermé, clame Emmie, dont rien ne saurait altérer la gaieté.

Et son revolver se tendant encore vers Ahmed véritablement annihilé par la tournure inattendue des événements :

— Monsieur le concierge, raille-t-elle, veuillez donc ouvrir la porte qui permettra à mon amie de quitter la cour où elle s’ennuie.

Son arme, agitée de petites oscillations très inquiétantes, elle achève avec cet inimitable accent de petite Parisienne :