Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/354

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hindoue les observe avec des yeux, à l’iris d’un bleu tendre que l’Inde ne doit pas produire souvent.

Et puis, cette fille de couleur adresse un signe bizarre à son compagnon ramousi. Tous deux sortent sans bruit par la porte accédant au couloir de service.

Sans doute, ils s’éloignent en marchant avec les mêmes précautions, car la porte refermée, aucun son ne trahit leurs mouvements le long du couloir.

Mais les touristes n’observent pas à cette heure.

Ils ont faim ; ils s’attablent, si l’on peut employer ce mot.

Pourtant Emmie, si affamée tout à l’heure, demeure dans le fond de la salle, extrêmement occupée à développer le paquet mystérieux, qu’elle emporta lorsqu’elle quitta le palais du Persan Ahmed.

— Que fais-tu donc ? questionna Tibérade étonné du peu d’empressement de sa petite cousine.

— Tu le sauras, cousin, ne t’impatiente pas.

D’un bond, la fillette fut auprès de ses compagnons. Elle cachait derrière son dos un objet qu’elle venait de tirer du paquet.

— En vérité, plaisanta la petite Parisienne, on peut dire que les lions vous ont métamorphosés. Vous, général, je le conçois. Le souci du salut de Sika effaçait tout le reste de votre esprit. Mais M. Midoulet, lui, a manqué à son devoir professionnel.

— Moi, clama l’agent ahuri, j’ai manqué… ?

— Parfaitement, monsieur Midoulet.

— En quoi, s’il vous plaît. Ma parole, je vous serais obligé de me l’apprendre.

— En ceci, que l’objet, pour lequel vous pérégrinez aux frais du service des Renseignements, n’a pas paru vous manquer du tout.

Un grand silence suivit. Ce brusque rappel du signe diplomatique avait secoué tous les assistants.

Uko s’était dressé ; l’agent l’imita. Tous deux se défièrent du regard.

— Rasseyez-vous donc, messieurs, prononça gravement la fillette… Moi, je n’ai jamais perdu de vue l’objet en question, et je crois le moment venu de vous le prouver.

D’un mouvement rapide, elle ramena ses mains