Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/394

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inutile maintenant, l’objet qui m’intriguait au nord-est s’est rapproché, et je distingue parfaitement que c’est un aéroplane.

— Un aéro à Aden, vous riez contre moi, détestable Blick.

— Regardez le ciel, pesante Clark, au lieu de tarabuster la douce créature que je suis.

Si autoritaire fut le geste de miss, pointant son bras vers le ciel ainsi qu’un épieu, que son interlocutrice obéit à l’injonction.

Elle regarda et, stupéfaite :

— Pour une fois, vous avez raison. Jamais je n’aurais cru que cela se pourrait produire. C’est bien un aéroplane… Et même il descend…

— En vol plané, ma chère.

— Oui, ma chère. Il atterrira tout près de la Tour Carrée.

Les deux femmes étaient préposées à l’antenne de la tour, que les aviateurs avaient remarquée du haut de l’atmosphère. Elles se taisaient à présent, tout au spectacle du grand oiseau blanc se dessinant sur le fond d’azur et grossissant à vue d’œil.

Bientôt, il n’y eut plus de doute.

L’aéroplane tendait à atterrir sur un large espace dénudé, qui s’étendait à cent cinquante mètres environ de la tour supportant d’antenne du sans fil.

La surprise les clouait sur place.

Cela se conçoit. Dans l’enclave d’Aden, on n’a guère l’occasion d’assister aux évolutions des légers navires de l’air, si familiers aux Européens.

Cependant, l’appareil descendait toujours. Il plana à cent mètres, à cinquante, à vingt, à dix… et enfin se posa doucement sur le sol.

Presque aussitôt, Clark et Blick, avec un ensemble inaccoutumé, s’écrièrent :

— Que de passagers !

— Étonnant, gloussa miss Blick ; les revues prétendent que ces véhicules transportent seulement un ou deux voyageurs ; et il en descend autant que d’un train du railway.

— Oh ! un train très petit, corrigea l’opulente mistress Clark, car ils sont au nombre de six en tout.

En effet, mistress Lydia Honeymoon et Pierre Crui-