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Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/395

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sacq mettaient pied à terre et aidaient leurs… prisonniers à en faire autant.

Soudain, mistress Clark eut un cri, auquel miss Blick répondit par un autre cri.

— Que font-ils donc ; ils se battent ?

— Ils se battent positivement.

Dans l’ampleur de leur émotion, elles ne semblèrent pas même remarquer qu’un fait incroyable se produisait pour la seconde fois depuis dix minutes. Elles étaient du même avis.

Au surplus, les gestes des passagers débarqués de l’aéroplane n’eussent pu être interprétés différemment, sans une insigne mauvaise foi, ou bien une aberration du jugement.

Or, nous l’avons dit, les télégraphistes jouissaient de la pondération anglo-saxonne.

— Il en est deux que les autres traitent comme des prisonniers.

Les organes acides des employées se confondirent dans cette remarque.

Elles en arrivaient à parler en chœur, dans une subite, insolite et touchante entente.

Au demeurant, elles jugeaient sainement la situation.

À peine débarqués, Marcel et ses amis japonais s’étaient rués à l’improviste sur leurs geôliers, les avaient terrassés et ligotés.

Que signifiait cela ?

Cela, c’était la continuation de l’idée éclose dans la cervelle fertile d’Emmie, et dont le coup de revolver, qui avait brisé l’hélice de l’aéroplane, n’était que la première manifestation.

Tandis que l’appareil descendait vers le sol, alors que tous, angoissés par la pensée de la chute possible, oubliaient leur antagonisme, la gamine avait murmuré quelques mots rapides à l’oreille de ses compagnons.

Une stupeur avait figé les traits de ces derniers ; puis, nonobstant l’atmosphère d’épouvante pesant sur tous, leurs traits s’étaient contractés dans un sourire, manifestation inconsciente d’une formidable gaieté.

De fait, l’imagination offrait à la fois un caractère logique et baroque, dont seuls sont capables les ori-