explication ; mais déjà sa remuante compagne se dirigeait à grands pas vers l’endroit, où Tibérade et le général gardaient Pierre et Lydia, tout penauds de leur brusque revirement de fortune.
Aux questions de ses amis la Parisienne refusa de répondre, se bornant à leur répéter :
— Amenez les captifs.
Elle s’amusa même à rassurer ceux-ci :
— Monsieur, madame, leur dit-elle, ne craignez rien. Vous serez délivrés après-demain. Il ne vous sera fait aucun mal. Seulement, vous concevez l’affaire, vous cherchez à nous priver de notre liberté ; nous nous regimbons. Ceci est si naturel que vous l’approuvez certainement.
Ni Cruisacq, ni Lydia ne desserrèrent les lèvres. Toutefois, le mouvement de tête mutin par lequel la gentille mistress accueillait le persiflage d’Emmie exprimait clairement la pensée :
— Rira bien qui rira le dernier.
C’était aussi la crainte des compagnons de la gamine. Celle-ci seule, à l’aise, aussi à l’aise que si les prisonniers eussent été dans l’impossibilité absolue de dévoiler la supercherie, ordonnait :
— Vous voudrez bien marcher jusqu’au télégraphe. Là, nous serons à l’ombre et l’on se reposera.
Lydia se mit aussitôt en mouvement. Pierre l’imita.
Et Emmie, tout à fait réjouie, s’écria d’un air enchanté :
— À la bonne heure. Rien ne vaut les personnes aimables. Suivez, général ; suis, cousin Marcel…
— Mais, tentèrent d’objecter les deux hommes…
Elle coupa court à toute discussion.
— Oh ! si vous restez ici, vous ferez rater la combinaison, voilà tout.
Sur ce, sans plus s’occuper d’eux, elle saisit Sika par le poignet et rejoignit les prisonniers.
Que pouvaient faire Tibérade et le Japonais, sinon se laisser guider par leur fantasque petite compagne.
Il leur paraissait évident qu’elle ne craignait aucunement les indiscrétions de leurs ex-geôliers devenus à cette heure captifs.
Si elle ne craignait pas, elle devait avoir de bonnes