raisons. Depuis le début du long voyage, ils avaient appris à faire confiance à l’esprit prime-sautier, audacieux et logique, du gentil oiselet parisien.
Hélas ! à peine entrés dans la Tour Carrée, en présence des employées du télégraphe, ce qu’ils redoutaient se produisit.
Avec le plus parfait ensemble, Pierre et Lydia clamèrent, en se démenant dans leurs liens, comme diables en présence d’exorcismes :
— Lydia Honeymoon, Pierre Cruisacq, agents de l’Amirauté, traîtreusement réduits en captivité par ces conspirateurs à la solde du Japon.
Uko, Tibérade, Sika sentirent leurs jambes fléchir sous eux. Ils sursautèrent en entendant la fillette lancer un clair éclat de rire, dans les gammes duquel ils discernèrent ces phrases :
— Très drôle ! Je ne m’attendais pas à cette invention ! Très drôle ! Seulement elle ne tient pas debout !
Et se plantant en face de mistress Clark, de miss Blick, incertaines, rendues hésitantes par les affirmations contradictoires, elle leur dit :
— À quoi reconnaît-on les gens qui se cachent ?
— Oui, à quoi ? bredouillèrent les interpellées.
— À ce qu’ils se déguisent, chères ladies. Eh bien, tenez, ce petit pilote que vous prenez sûrement pour un jeune homme, c’est une dame.
D’une pichenette, elle fit sauter la coiffure, les lunettes de Lydia, et cela si adroitement que les cheveux de la mignonne espionne se déroulèrent en cascade d’or sur ses épaules.
— Vous voyez, reprit l’espiègle petite, tandis que son adversaire, déconcertée par cette péripétie inattendue, s’efforçait vainement, vu ses mains attachées, de réparer le désastre. Pensez-vous, chères et honorables ladies qu’une dame, dont les desseins ne craignent pas le grand jour, se risquerait en semblable aventure ?
— Non, non, rugirent les Anglo-Saxonnes convaincues maintenant ; à la cave les séides du Japon !
— Oui, à la cave. Et puis, autre chose encore. Nous nous sommes mis quatre pour arrêter ces deux malheureux. C’est une manœuvre désespérée, ridicule de leur part, de vouloir vous persuader, à vous